mercredi 27 décembre 2017

IBOGA III
































LA NUIT DES MASQUES

Troisième partie : Pendant l'ingestion et l'irradiation (45 minutes) des propriétés substantielles psycho-magiques de l'écorce amère d'Iboâ (iboga) dans le corps du Bandzi, sortant des pénombres de la brousse, un petit groupe de danseurs (Akom) drapés de longs pagnes imprégnés de rouge, le visage couvert de Kaolin blanc, les cheveux verts et le cou enlacés par des parures enfilées de coquillages reliées à des paires de dents de panthères, l'invitent à quitter le Nzimba de la forêt (Afane) sur les rythmes frénétiques des battements de tambours (Ndungu) et des vibrations modulées, répandues par les cordes stimulées par la bouches des joueurs (Béti) de deux petites cithares Mogongo (Ribocki) en forme d'arc. Ainsi sont les premiers battements du cœur et du souffle de Nzame qui interpellent le Bandzi à connaître sa volonté (Bwiti) de conscience par l'interrelation élémental et végétale qu'est l'Iboga, son propre sang. Avant de se joindre aux danseurs mystiques, le Dindario reçoit un large trait rouge (Tsingo) vertical et central, descendant du sommet de sa tête (nlô) jusqu'au bas de son abdomen. C'est la trace de sa naissance dans le sang de l'accouchement, la délivrance. Le Bandyi doit revenir à l'origine de son être en mettant en bas (rouge) l'esprit (blanc) d'en haut. Le Kombo initiateur (Nima) le fait s'asseoir à genoux sur des grandes feuilles de bananiers, signe représentant les langes de sa nouvelle renaissance (Meyaya), à la gauche de son Parrain debout qui tient dans sa main droite deux petites torches de braises enflammées indiquant la présence des esprits (Ekaba), lui ouvre la bouche et perce d'un coup sec sa langue d'une longue aiguille (Etombo) d'enveloppe de Bambou plantée aussitôt dans le centre (Rachis) d'une grande plume brillante provenant de la queue rouge vif d'un perroquet gris du Gabon. Elle est ensuite fixée dans la chevelure du Bandzi ou maintenue par une couronne de coquillage blancs. Le perroquet (Ngouiaye) appartient au culte des animaux fétiches annonciateurs de la parole messagère. L'initié est alors blessé au front par les lames de deux grands couteaux que le Nganga-magicien, dans un cri de rage, fait disparaître à moitié dans le sol. ils incarnent les deux tranchoirs qui servir à découper en morceaux le corps de la mère (Bensogho). Le fait d'enterrer les pointes ensanglantées dans le sol de la terre (Mère) apporte une protection contre les attaques des mauvais sorciers (Beyer), un repoussoir pour les génies malfaisants (Abanbo). Les marques (Ba) ou incisions sur le front matérialisent l'ouverture de la connaissance dans le sang du sacrifice (Bandjoku). Les hurlements plaintifs des chiens se font entendre dans le lointain opaque de la nuit (Alou) rituelle (Ngoze). Les yeux exorbités et rougis de l'initié scrutent avec inquiétudes les étincelles attisées des flammes (Akwa) qui voltigent comme des guides ailées hors de leurs supports bâtonnés vers le gouffre de l'obscurité épaisse de la forêt de l'étrange. C'est l'appel sur le chemin du Boity. Le bandzi est enfin prêt à rejoindre la file en ligne des danseurs mystiques qui s'élancent en dansant (Endzamba), les chefs à leurs têtes, vers le village (Dza) où réside sur sa place, le sanctuaire cosmique des ancêtres (Mbanja), le Mulebi du corps de garde. Arrivé sur la cour (Nseng) du lieu-dit au abord des cases d'habitations (Boundzi), tous les résidents sont pris dans une danse collective (Nginda) qui se manifeste par des figures acrobatiques dynamiques (Ndjèmbé) en forme de spirale tourbillonnante (Seng) autour d'une grande bâtisse rectangulaire de bois consolidée de terre battue au toit recouvert de pailles et de feuilles de palmes (Akora), la case-temple (Tsapala/mbanja) dédiée au Bwiti qui sert de lieu de réunion pour l'exercice de la justice et de veillées à toute la communauté. Sur le seuil, devant son entrée, s'élève un grand pieu en bois emmailloté et hérissé de tiges en rotin, de feuilles végétales de toutes sortes, imprégnées de pigments blancs. C'est l'Otunga (otsouang), l'arbre de la mort : l'échelle où descendent les âmes des ancêtres (Mighonzi). Sa face est aspergée du sang de trois poules blanches sacrifiées pour l'occasion afin qu'il devienne l'arbre rouge (Ndembe) de la vie. À son côté gauche, siège une femme (Mewouma) entièrement vêtue de couleurs vives, la seule (Yombo) à être présente lors de l'initiation, le visage recouvert d'un petit masque plat à l'expression énigmatique troué de deux yeux clos comme enflés par le sommeil, son front surmonté d'une coiffe raffinée, supportant un panier-reliquaire en rotin enfermant des fétiches occultes. Le nom secret de ce défunt lié à la descendance familiale du Bandzi lui sera révélé l'ors de son dédoublement astral (Kouka) dans le monde de Nzame (Endoudom). À sa droite, un guerrier initié (Mvôn) en pleurs, accroupi, les bras chargés de branches feuillues d'iboga, arbore avec disgrâce un grand masque blanc rectangulaire à deux cornes dévoilant au milieu de sifflements atroces une dentition féroce. il incarne l'entité féminine du deuil Monghondzi, émanation de la mère du commencement pygmée : Benzogho. C'est par l'abandon définitif de ses comportements négatifs influencés par les liens des actes criminels et cachés par ses ancêtres que le Bandyi trouvera le secret de la guérison (Boghaga) révélé par la prise phytothérapeutique de l'esprit d'Iboga. Le Dindadio est sollicité par l'esprit manifeste de l'entité affligée à quitter son corps pour le monde des Ancêtres (Bavulu) et de renaître dans la chair du Bwiti. Ainsi, il empoigne de sa main droite un gros silex (Seng) enduit du sang du sacrifice et de sa salive, le jette en frappant par quatre fois l'arbre modifié et fini par le lancer en direction d'un grand feu de bois (Mewouba) qui brûle depuis l'aube. Le Kombo le récupère à l'aide d'un instrument en forme de fourche (Dipaku) pour l'enterré en dessous de la base (pierre) du poteau ensanglanté "Ndembe", l'arbre-vie. Le son vrombissant du souffle d'une corne d'antilope (Ndijbo) retentit, faisant fuir une nuée de chauves-souris (Kondzo) qui s'éloignent vers la lune (Ngon) livide s'effaçant dans la buée nocturne de la nuit inondée d'étoiles luisantes. La troisième étapes de la prise des secrets (Abwa) de l'Iboga peut commencer.

mercredi 26 avril 2017

IBOGA II
























LA MÈRE ORIGINELLE


L'aspirant (Bandzi) à la connaissance du Bwiti (Bwété wa mabanzi) non-christianisé est traditionnellement présenté aux membres du cercle par parrainage ascendant afin de participer à la vie communautaire régie par la force sacrée des ancêtres et ainsi devenir disciple de la confrérie secrète. C'est pour la purification de son organisme et la guérison de son âme, qu'il est amené à manger le bois amère pendant cette cérémonie magique (Môvémbo) où il sera plongé par des visions étranges et fantastiques dans le monde des réalités invisibles. Le Bandzi (cadet) est soutenue dans l'épreuve par un maître Bwiti initiateur (Nima-nyima), l'aîné. D'autres guides du cercle, les Ngangas (Ngang), médecin-guérisseurs et devin-féticheurs lui serviront d'éducateurs. Au commencement de la nuit après la récolte de toutes les herbes nécessaires au rituel, on dresse un feu (Akwa) qui durera tout au long de l'initiation. Le Bandzi doit être protégé des attaques maléfiques qu'il pourrait rencontrer dans le monde d'iboga, comme les esprits vampires des sorciers (Agodo-balosi) de la nuit (Enzanga), ceux qui mange l'âme, la force d'autrui. Le Nganga-magicien va donc pour cela, confectionné le fétiche Mbando protecteur, qui représente le double occulte (Tsombi) du Bandzi, sa force vitale (jumelle) fixée dans un talisman. C'est une petite statuette évidée ou un sachet de forme arrondie en tissu teinté de rouge et de blanc, bien ficelé, rempli de plusieurs mèches de cheveux (Totsogé) pris sur le front et la nuque du Bandzi, mélangé à des fragments d'ongle du pouce droit (Dinèta) ou des auriculaires de ses pieds et mains agrémentés d'une poudre magique minérale (coquillages, charge de fusil, noix de kola) pétrie avec du sang séché d'une poule blanche. Pour rendre vivante cette double personne, le Nganga y crache dessus un liquide fait à base de graines de Nzinbo trempé dans un rhum épicé ou du vin à base d'écorce d'Owalè. Le paquet protecteur est ensuite enterré dans un endroit isolé et secret (Nzimbe) au pied d'un arbre connu du seul magicien. Le Bwiti d'origine était une religion mystique des arbres. À la nuit tombée, le néophyte est alors dénudé, seul un pagne (Ibari, Mubati) en fibres de raphia coloré de rouge représentant le sang de l'enfantement, lui sert de vêtement. Des hommes vigoureux entreprennent des chants mystérieux au rythme des tambours, allument des flambeaux et des torches faisant jouer de curieux reflets sur la face de leurs masques à cornes. On donne au Bandzi deux bols en bois remplis d'une décoction légèrement chaude qu'il absorbe aussitôt. C'est la première "prise" d'iboga. La nuit rituelle (Ngose) tombe sur la conscience du Bandzi. L'esprit végétal d'Iboga (éboga) concentré dans cette petite tisane (90 mg d'ibogaïne) aiguise par son appel stimulant le métabolisme neuromusculaire et mental du nouvel adepte, le préparant à la voyance des choses cachées par le retour à la nature et son dépassement. Le prétendant aux oracles s'éloigne de l'esprit N'kwe du feu (Nyambi-wouba) qui le regardait, pour être conduit dans la petite obscurité, loin de la clameur du village, sous une bonne escorte aux flambeaux (Efsa), vers un cours d'eau ouvert en surface ou un grand (Yogo) récipient (baquet) rempli d'eau trempée d'une mixture secrète (Ekasi) d'herboriste dépurative contenant des écorces bouillies de l'arbre à esprits (Mundju). Dans certaines régions, cette cuve (Ngang) percée et suspendue afin d'arrosée la tête, était placée en-dessous d'un arbre sacré au tronc de couleur rouge, l'Olouni (Oluni), le talisman géant de la forêt gabonaise avec sa résine odorante qui repousse les démons nébuleux des anciens. La respiration du Bandzi (ange) sous l'emprise d'Iboga s'accélère, son souffle (Bokayé) insistant dans la chaleur de son sang. L'esprit du vent M'bongwe (Nyanbi-poupabiango) le regarde. Au milieu des ténèbres cérémonielles (Efun), il est alors encouragé ou précipité dans les flots mouvants de la rivière sous une étrange mélodie musicale envahissante. C'est le bain rituel de purification (Mosolo-mososo). Immédiatement, retentit un chant aux allusions cruelles, sortant des pénombres de la forêt : "Oh a' Yaé, c'est le Maraka qui attrape le gros python (l'infinie) eh ! yo yo, il s'y fait croqué les pieds, pauvre wé Makaya oh ! ho ! ho ! Voyez, ya é le Makara n'est plus qu'un gros morceau de bois flottant dans son sang, ebanga ! eh !". Le Bandzi envahi par la crainte, nage vers l'amont, son corps comme disloqué de tous ses membres par le son de l'étrange mélodie. C'est l'ouverture allégorique des portes corporelles de son âme mue par les vibrations sonores des cordes en boyaux humain de la harpe sacrée (Ngombi) à tête de femme qu'attise le musicien (Béti) assis sur la terre ferme. Cette singulière symphonie représente le dernier souffle de la femme originelle pygmée Benzogho (Ébanja), sosie de la sœur (Egnepé) céleste de Nzame, sacrifiée et dépecée en 8 morceaux (Bandjoku) pour la transmission du pouvoir mytho-morphologique de l'iboga. L'esprit Mebeghe (Yamwei) de l'eau regarde le Bandzi qui regagne la rive en se retirant à la lueur des torches en bois d'oukoumé du royaume liquide de Mamiwata, reine des génies (Migesi-migisi) aquatiques. Sous une lune (Ngon) blafarde, on enduit le corps du novice en le badigeonnant de Koalin (Oukoula) blanc (Pèmba), une pâte huileuse à base d'argile friable et de pulvérisations de brisures d'ossements humains mélangés à la chair d'organes (foie) desséchée d'enfants jumeaux mort-nés. Dans certaines sociétés traditionnelles africaines, les jumeaux sont considérés comme des êtres numineux possédant un puissant pouvoir surnaturel et mystique, leur esprit unique étant resté au ciel. Ce sont les deux esprits jumeaux (Mavasa) crée par Nzame qui tuèrent Benzogho (Ningone) la femme originelle de la forêt. None, jaloux de la sœur (Egnepé) de Nzame, voulu en engendré un double. Nigon vit le désir de son frère et de cette connaissance réciproque se produisit 8 éclairs blancs (Mikadikadi) qui de par leurs déflagrations (Ngadi) enfantèrent la foudre rouge qui enveloppa de noir, de part sa combustion, la visibilité du monde de Nzame (Bémbé). Ainsi le jour, l'aube et la nuit furent ainsi formées. None devint femelle et engendra Benzogho (Dissumba) porteuse de tous les gemmes de la création terrestre. Nigon acquerra la masculinité par cette altérité honteuse. Mais tous les êtres accouchés de Benzogho (Guènyèpa) demandèrent par des sacrifices sanglants la vue secrète sur le monde de Nzame. Dans leurs plaintes, ne reconnaissant plus Benzogho (Maroundou) comme mère, ils l'offrirent comme offrande sacrificielle (Okandzo) aux deux esprits jumeaux qui la noyèrent et l'égorgèrent en répandant son sang sur la terre qui donna prospérité à la grande forêt. La nuit, ils la démembrèrent en 8 morceaux qui sont les formes ésotériques des 8 esprits par lesquels Nzame (Kana) créa le monde. Face à tous les êtres, ils brûlèrent chacune des parties dans un feu sacré. Seul le crâne blanc immaculé de la mère (Dinzona) immergea des cendres et fut immédiatement vénéré (Byeri) par toutes les tribus. On l'enterra, déposé à l'intérieur d'un coffre cylindrique (Nsekh-byer), sous un grand monticule de tibias et de fémurs empilés dans une clairière illuminée par les éclaires étoilés (Minanga-igegeni) du ciel (Loba) et couvert du rugissement rauque d'un léopard rouge à tâches blanches. C'est là que parmi les vieux os des anciens, apparu au jour, l'arbuste Éboga, le corps (Akôn-engo) de lien du monde invisible de Nzame par l'entremise magique de l'esprit-physique (l'Iboâ) de la mère forêt (Pindi). Le blanc (Koalin) utilisé abondamment sur le corps du Bandzi représente les cendres de la mort, l'apparition de l'âme, le deuxième corps du rituel Bwiti. Le visage du novice est chargé de ce blanc laiteux pour en être masqué. Cet autre visage (astral) devient alors le siège visible du sacré supraterrestre. L'initié est un homme masqué. On trace sur ce blanc des traits rouges (Tsingo) venant de la sciure d'un arbre (bois corail), le Padouk, mélangée au sang d'une poule blanche sacrifiée (Ku). Cette poudre rouge (Munguli) représente le sang menstruel (Ba), l'apparition naissante de la chair, le sang du vivant, premier corps du rituel Bwiti. Des tâches noires de poudre de charbon de bois ou d'argile bleue (E-boo) mêlées à de l'huile de palme brûlée sont réparties sur l'ensemble maquillé, tracées aux doigts ou projetées par jets, symbolisant la nuit, l'apparition de l'esprit (Mikuku), troisième corps du rituel Bwiti. Les principaux endroits du corps (portes) de l'initié à soignés sont délimités par ces tâches (rondes) noires. D'autres marques comme de petites étoiles ou des traits parallèles sont entaillées dans la peau par scarification du dos et du torse pour identifié le degré initiatique atteint par l'adepte après la réception (Nima) dans la confrérie secrète. Le chef (Kombo) du culte (Ta-d-je-ngang) habillé d'une grande peau de léopard, le chasse-mouche Combo en queue de panthère (Ngoye) à sa main droite se présente au Bandzi en lui crachant sur la fontanelle (porte de l'esprit) un mélange de sève d'un roseau d'eau (Okoskosa) et de salive (Ava-méti) comme giclée de salutation (Evoba) et de bénédiction magique à son transport vers l'au-delà. L'initié alors éveillé, mâche quatre ou cinq grandes bouchées de râpures d'écorces d'iboga (400 mg d'ibogaïne) enveloppées dans leurs feuilles que lui présente le Kombo à la flamme vive des torches (Otsa-mupitu). C'est la deuxième "prise" de L'IBOGA. 

vendredi 24 février 2017

L'IBOGA

 
L'ESPRIT DE LA FORÊT
 
Ces deux êtres fantomatiques, un Ngworékara (Abambo) errant avec son nez allongé accompagné d'une espèce de créature végétale décharnée, l'Dedzengui, sont tous deux des esprits de la grande forêt du Gabon. Ils peuvent être perçus par des visions du monde invisible à l'issue d'une séance d'initiation rituelle très secrète où l'on mange (Mwignidyga Mabola) une plante puissamment magique qui nettoie et élargit la conscience à d'autres réalités : L'Iboga (Ebôghê). Découvert en 1860 par l'explorateur et médecin de la marine française Marie-Théophile Griffon du Bellay (1829-1908), cet arbuste pouvant atteindre deux mètres de haut, pourvu de fleurs jaunes ou beiges rosacées produisant des fruits ambrés très vifs, et ovoïdes de 10 centimètres à la saveur sucrée, pousse principalement dans les sous-bois de la jungle tropicale de l'Afrique de l'ouest équatoriale du Gabon (Gabâo) ainsi qu'au centre de la Guinée et du Sud-Cameroun. Il est prisé pour son écorce jaunâtre de ses racines, "le bois sacré", au goût amer, considérée comme un tonique psychoactif du système nerveux et musculaire, aphrodisiaque sexuel à l'occasion, mais surtout recherchée pour la redoutable substance qu'il contient, L'Ibogaïne, un puissant alcaloïde réputé pour ses vertus thérapeutique en médecine traditionnelle (corps-âme-esprit) et utilisé depuis des millénaires pour provoquer des extases psychédéliques et visionnaires parmi les membres d'un culte ancestral d'une étrange société secrète : Le Bwiti. Dans l'histoire, les premiers hommes Pygmées (Babongo) itinérants de la forêt originelle, détenaient le pouvoir pratique du culte de l'Iboga qu'ils transmirent par contact inter-ethnique à d'autres tribus forestières. La diffusion de cette tradition au clan des Apinzis, tribu du Gabon central, théorisa le Disumba, première branche ésotérique de l'arbre Bwiti, la voie mystique d'Eboga par excellence. Disumba c'est le nom spirituel de la grande Mère nourricière, la profonde forêt, qui allaita de sa sève le premier homme noir (Nzam), le père géniteur naturel de tous les ancêtres (guide), identifié par la suite au visage (masque) multiple de l'être suprême indifférent (Nzambé), commandant de tous les totems (Jengi), protecteur des communautés et personnifié dans l'arbre-fétiche (Ntsilo), le gardien du village des brousses figé à l'intérieur de la colonne centrale tutélaire (Gvenga Gn'enganza) de la case (Nganza) commune des peuples casaniers, le corps de garde des ancêtres, véritable temple magique des morts. Le Disumba est un ensemble de rites religieux et collectifs très précis qui forme la cohésion sociale du clan mis en pratique exclusivement par les hommes. Ce rite de passage qui cause la fortification de l'identité masculine par l'intégration du cercle, a pour objectif d'entrer en communication avec les âmes (morts) des anciens descendants pour demander par leurs connaissances, la protection et les conseils (lois) à suivre dans les événements et les incidents de la vie quotidienne, l'harmonisation hiérarchique du groupe organique. L'invité aux esprits, enivré de bois sacré, peut par l'intermédiaire des ossements vénérables des chefs (Byeri), de masques ou de statuettes fétiches incarnées par les puissances ancestrales, accédé à l'intermonde mémorable des aïeuls vers les cieux surnaturels, l'état d'Iboga, où l'invisible et le secret lui sont révélés à ses sens, ses yeux brillants dans la nature trans-historique des liens du clan. La recherche et le questionnement sur la réalité transcendante de l'essence des récits mythologiques fondateurs de la famille écologique et de sa receptabilité par l'expérience intime de l'initié absorbé dans une plante suprême et unique (éboga) aux propriétés relationnelles exceptionnelles à l'égard des forces métaphysiques, enfante la deuxième branche de l'arbre Bwiti au sein du clan de la tribu des Misôkô (Mitsogho) du sud, la voie clairvoyante et médicinale, le Misoko, où l'initié en tant d'individu récite par la parole lors de sa décorporation, l'expérimentation ibogaïde de la face cachée de son être profond dévoilé par le discernement des trois temps de sa vie à l'intérieur des deux sphères de l'existence (in-visible) et de leurs corrélations réciproques, démasquant devant ses yeux brillants, miroir de sa nature céleste, ses ennemies du plan astral (Évus-Nnem), divulguant les secrets maladifs de l'héritage familial, découvrant les mauvaises actions de faute contre les interdits, déséquilibrant l'initié qui entreprend la grande renaissance (Meyaya) libératrice (Bo-Hete) de la guérison existentielle de son âme, pour remonter vers l'origine en s'unissant dans l'énergie primordiale émanée de l'être suprême (Nzambe). Le Bwiti-Misoko est la voie bwétée de l'iboga médical la plus retenue des occidentaux en mal de bien-être. Les doctrine ritualistes et ésotériques d'une société secrète Bwiti gabonnaise reste mystérieuse et inconnue au profane, n'étant jamais écrite mais transmise par l'Iboga dans le vécu de l'initié et de son éducation oral par le questionnement sur la conformité des contenues symboliques de ses visions qui le rapproche du Bwiti. L'initiation (Nyima) est une épreuve personnelle approuvée par une science secrète et mystique. Le savoir de l'invisible, c'est l'Iboga lui-même.

lundi 20 février 2017

PHURBA




 
LE PHURBU
 
Certains chamans (JHANKRI) du Népal utilisent un P'URBU pendant leurs transes magiques lors d'un rituel de guérison pour inviter une divinité consacrée à prendre possession du P'OURBOUL, cette dague sacrée, en demandant protection à l'émanation de l'eau : L'effrayant DORJE VAJRAKILA, et ainsi combattre les Nâgas (serpents métaphysiques) puis les Prêtas, sortes d'entités maléfiques qui errent affamées au-dessus des terres humides, qu'ils clous sur des supports virtuels (YIDAMS) ou d'un Bodhisattva VAJRAYÀ, pour les maintenir prisonnières afin de dissiper les obstacles sur la voie de la guérison. Ce KILA (clou) à une place privilégiée dans de très nombreuses  disciplines, cérémonies et danse rituelles des divers préceptes Tantriques des deux mains ainsi que chez les Lamas-tibétains (GUHYAYÀNA) du Bouddhisme Mahayâniste (grand véhicule, fondé au XIII siècle par le GURU RINPOCHÉ PADMASAMBHAVA, celui-qui-est-né-du-lotus), pour anéantir les démons, ennemies de l'enseignement du DHARMA, les soumettre pour détruire l'assise dualiste. Cet objet rituel confectionné avec des matériaux comme le Bronze, le bois, le fer de météorites, l'os, des mélanges de 5 alliages, transperce le mal par sa lame triangulaire, qui symbolise le mont MÉROU l'axe du monde du centre de la terre, dont la pointe pèse sur les enfers. Ces trois tranchants apportent la victoire en décapitant les trois poisons (KÀMALOKA), la soif, la haine, et l'ignorance. La souffrance est dissipée quand le désir et l'envie sont reconnues comme sa cause. Lorsque l'arme (consacrée) repose, son pointu est emprisonné à l'intérieur d'un cube en bois de couleur bleu ou d'une gaine en pierre triangulaire. Le PHURBU (voler) ou clou du tonnerre tient lieu également, de piquet en bois ou métal, servant aux voyageurs et nomades, pour planter une tente ou d'y attacher des chevaux (TAMDRIN) et autres animaux domestiques. il est utilisé au TIBET et en INDE pour fixé la localisation spécifique de la déesse à queue de serpent, SADAG, avant d'entreprendre la construction des temples, des monastères et des STÙPAS (dôme reliquaire), pour ne pas excitée son irritation coléreuse. C'est une arme indestructible et puissante, dont ses trois entaillant sont avalés ou entravés par la grande gueule d'une divinité aquatique, parfois à triples têtes, le MAKARA, animal mythique du bestiaire hindou, coursier de la très sainte GANGÂ (purification) déesse du GANGE (fleuve sacré du nord de l'inde (2700 km). Cette créature de Mer, des eaux et des rivières, représente l'activité violente de l'inconnue. Ce monstre marin fertile à tête d'éléphant aux dents de crocodiles qui attaque et mord trois couples de nâgas qui se lovent dans le creux des trois faces de la lame (les six vertus transcendantes (PARAMITAS), est surmonté d'un nœud d'éternité (perfection de la plénitude) accolé d'une sphère du désir d'où émerge les premières extrémités des pointes d'un (DORDJÉ) VAJRA POURPA, cet instrument ritualiste, redoutable emblème de royauté, est un sceptre émettant des éclaires : La foudre de diamant du dieu INDRA. il est très utilisé comme Arme dans le bouddhisme VAJRAYANA (voie du diamant), le soi indestructible TANTRAYANA du Bouddha SHÀKYAMOUNI, pour la libération du cycle des existences : L'ILLUMINATION. Sur les deux photos ci-contre, le VAJRA dordjé (INDRAKILA, l'arbre de vie) est remplacé par deux lotus à huit pétales qui se rencontrent autour du renflement central de la poignée orthogonale du pieu magique. Leurs pétales sont les gouttes de semence blanche et rouge du sang menstruel de BODHICITTA unies, à l'intérieur de la roue (NÀDI-CHAKRA) cardiaque. La sphère de la "forme" est cachée en son milieu.
 

PHURBA déifié par la Main gauche et son MUDRÂ occulte.

samedi 18 février 2017

PHURBU



LE PHURBA

Voici description du haut de la base (la poignée à 5 faces du diamant "DHYANI" miroir de sagesse de la lumière dorée) du sommet de l'Arme spirituelle nommée PHURBA en partant du deuxième nœud sans fin et du point caché (la sphère de la non-forme) dont émerge une structure en "VARJA DORJÉ" à trois branches, les canaux (NÂDIS) du corps subtil (PANCHA-KOSHA-PRÂNÂYAMÂ), le trident des Gunas de la PRAKRITI duquel les extrémités s'enfoncent en dessous des lobes d'oreilles allongées (l'écoute englobant les dix directions de l'espace) percées d'orifices qui permettent d'enfiler un ruban de textile écrits (TANTRA) et colorées selon la tradition appropriée jusqu'à l'intérieur des trois têtes (faces) qui constitue la butte supérieure du PHURBU, les trois déités Tutélaires exprimant les 3 émotions ou affections de la racine du Monde : "le contentement, le dégoût, l'ignorance". Elles sont courroucées lors de leurs invocations. Nous avons à droite, le Bodhisattva VAJRAPÂNI, soldat et adversaire des "NÂGAS" maléfiques. Il est le diamant resplendissant de tous les Bouddhas. Il détruit le dégoût. Au centre de ce PHUR-BU ci-contre qui lui est totalement voué, apparait l'émanation et la manifestation redoutable du Boudhisattva MAHÂSATTVA AVALOKITESHVARA aux 108 formes (voir le TENGWA tibétain aux cent-huit grains à MANTRAS des MÛDRAS-TANTRA) et aux milles bras "HAYAGRÎVA" surmonté d'une tête de cheval qui émerge de sa chevelure. Il brise l'ignorance à l'aide de son bâton de foudre. S'est un AVATAR (représentation) de VISHNU dans la TRIMÛRTI Hindoue puis gardien (TAMDRIN DHARMAPALÂ) des écrits et textes sacrés du Bouddhisme MAHAYANA Tantrique (Sûtra du cœur, Sûtra du diamant, etc...). il peut être émané du Bouddha AMITÂBHA DHAYANI. Sa lumière infinie et glorieuse achève les forces sadiques des ténèbres de l'attachement. De sa pure connaissance illimitée, il chasse ses ennemis en hennissant, ce qui le fait protecteur des chevaux et autres montures par le peuple nomade des Mongols. il dissipe les obstacles sur la route du Salut mais garde son aspect furieux ("DHAMAPALAS") du seigneur en colère durant certaines cérémonies et rituels fulgurants du TANTRAYÂNA. il est alors redoutable, même pour un TANTRIKA expérimenté. il possède des ailes pendant son accouplement (YAB-YUM) avec sa (PRAJNÂ ou DAKINI) fiancée et sa visualisation méditée provoque ainsi le déchaînement d'une force considérable d'agissement sur les trois mondes (les sphères) dont le Bodhisattva TRAILOKYAVIJAVA est roi. il en supprime le contentement des temps au moyen de son Aura enflammée. Ce souverain des trois-lokas est placé à gauche.


Le Bodhisattva Mahâsattva Avalokitesvara aux mille bras (chine)

Le PHURBA "KILAYA" est également habité par la manifestation du gardien VAJRAKILA  dans ses trois aspects : agacé, souriant et paisible, les reflets émanés des 3 corps de Bouddha : NIRMÂNAKÂYA (physique), DHARMAKÂYA (origine), SAMBHOGAKÂLA (ravissement). Les trois natures différentes du Bouddha SAKYAMUNI accompli : la création émanationnelle, le DHARMA total, le ravissement de la vertu, de qui l'appelé à l'Éveil ( le Bodhisattva) qui à atteint l'état interrompu des causes (BODHI), illuminé au sein de la compassion, cet être vivant (SATTVA) entièrement conscient de la vérité, devenu grand-être (MAHÂSATTVA), ait parvenu au plus haut-sommet de réalisation : choisir de ne pas s'absorber (MAHÂMUDRÂ) en NIRVÂNA (APRATISTHITA) tant que toutes les Âmes des êtres vivants ne sont pas sauvées. Les 9 yeux (les trois vues frontales (3D) : l'AJNA-CHAKRA, le SAMSARA, le temps historique (SAMTANA) des 3 faces du PHURBU (père) sont les neuf YÂNAS (véhicules) ou voies du TANTRA de l'école NYINGMAPA (les anciens) fondée par le Bodhisattva PADMAMANBHAVA, le yogi du lotus (PADMAVAJRA) introducteur du Bouddhisme Tantrique au TIBET (VIIIème siècle). Les triples têtes du PHUR'BU sont coiffées d'une tiare circulaire de douze crânes (de morts) ou 12 gueules de scorpions qui personnifient le triomphe sur les douze liens du facteur de la production interdépendante coproductrice et conditionnée des Phénomènes (PRATITYASAMUTPÂDA) et (PRATILYA-SAMUTPÂDA) : "tout est vacuité" (SHÛNYATÂ). Les Phénomènes sont inexistants et leurs "réalités" apparaissent par leurs propres interdépendances. La passion (TANHÂ), la soif des 3 poisons engendre les six chemins de souffrances (DUKKHA), le venin de l'illusion des 6 mondes aux trois sphères : connaître la non-substantialité s'est réaliser l'impermanence, le Soi véritable (PRÂNA-ÂTMAN), l'Éveil de la réalité suprême. Au dessus des crânes (désillusions) du PHU-BU se dresse un chapeau ou une coiffe qui forme un champignon ("PARINIRVÂNA" du Siddhârta Gautama) ou un chignon. C'est le nœud du summum au Zénith. Le monde des Bouddhas émanés ou ADIBOUDDHAS auto-engendrés. Cette petite queue de cheval (cheveux réunis en un point) témoigne du respect des serments et des engagements Tantriques du fidèle. L'architecture d'ensemble du poignard magique vu d'au-dessus constitue un MANDALA de l'univers, une roue mystique. Le pratiquant (TÂNTRIKA) sur la photo porte le PHURBU tricéphale de sa main-gauche (VÂMÂCHÂRA) et (VAMÂÇARA) au geste (MUDRÂ) ouvert du TANTRA rouge, couvert d'un gant de cuir d'animal teinté en brun-marron afin de na pas toucher de sa peau le VARJA-PHURBU qui devient une PHURWA ou une PHURBHA (mère) quand le métal de celui-ci brûle durant les différentes charges énergétiques des transes cérémonielles, déclenchées par l'initiation au TANTRAYANA du KUNDALINÎ-YOGA. Le fond de l'image (YIDAM) est d'une nuance de jaune, signe de terre balayée par un vent rapide, couleur de la royauté du corps de bouddha et de l'école GELUGPA fondée par TSONGKHAPA (1327-1419), un jaune d'où irradie une lueur verte, la clef du succès infaillible, compassionnelle et resplendissante de la SHAKTI (épouse) TÂRÂ (l'étoile verte "DRÖLMA JANG"), grande déité méditée du TANTRA VAJRAYANA, la mère de tous les Bouddhas.
 

vendredi 17 février 2017

KALI PUJA

 
LE FEU NOIR
 
L'étude des rites et des traditions mystiques portera toute notre intention vers le Bengale, la partie orientale de l'Inde, plus particulièrement à Calcutta (Kolkata), la terre de la Déesse noire (Kâlî-kshetrâ). Une importante fête populaire y est dédiée à la divinité hindoue Kâlî en début de Deepavalî (Divali), la fête des lumières. La kâlî-Pooja (Pujâ) est un rituel d'adoration et de manifestation de la présence matérialisée d'un mère noire (Mâtri-Bhâvakâlî) sous forme de Dakshinakâlî. Cette divinité femelle exaltée, vêtue d'obscurité (Digambarî), est vénérée selon un Tantra secret comme la (Agnanî-Svâha) Shakti (puissance) de la première volonté (Yogabâlâ) du feu sacrificiel (Hotrâ) du dieu Agni (Bhârata). Le Rig-Véda ou textes anciens (Sûkta) des pouvoirs (Dévas) sacrés, la décrit comme une langue noire (Karâlî), un des membres physiques de Brahmânaspatî, sagesse du feu cosmique de tous les astres. La langue (Gîrvânabhâshâ) mère et formelle qu'est le Sanskrit. Mais la langue noire de Kâlî est aussi pour le fidèle Sâdhaka (Adhikâri) qui a foi (Astikâ) dans le Véda, un germe (Hrîm) d'une forme de Shît (Shidrûpînî) de la nature originelle (Prakrtî) de la Déesse (Devî) fondamentale qui soutient tous les Dévas. A l'intérieur des temples secrets et isolés qui lui sont consacré, les adorateurs (Shâktas-Kaulâ) impurs, pratiquant le culte Tantrique Vâma-Mârga (Main-Gauche) lèchent la langue de Kâlî passée au rouge (Rajas) pour s'enivrer (Raktakâli), tout en psalmodiant les yeux révulsés des hymnes confus (Âkula), du sang de la folie (Mâda) des désirs, jusqu'au bout du feu noir (kâlâgni) de l'annihilation (Sthitinâsakâli) dans la destruction de l'Ego. Alors Kâlî-Mâ, toute puissante, leurs apparaît entièrement nue, dévoilée, debout au milieu des dix triangles de pétales ésotériques (Jnânendriyas-Karmendrîyas), pour s'évanouir dans une épaisse fumée noire. Kâlî devient alors une Mahâvidya-Dhûmâvâtî (kâlî-Dhûmâvati), la lumière noire échevelée (Elokeshî) où toutes les couleurs du Monde disparaissent. L'âme terrible du Krauyâ-Agnî (bûcher). L'illusion (Mâyânta) brûlante des désirs. La fin des temps. Pour d'autres amants mystiques qui prennent refuge (Kâlîma Parâyana) en elle, sa nudité sera recouverte d'un large et élégant Sari de tissu rouge représentant la caste des nobles guerriers (Kshatrîyas) leurs annonçant le combat impitoyable qu'ils doivent mener sous sa protection contre la dégénérescence spirituelle des cycles (Samsâra) plongés dans le Kâlî-Yugâ, l'âge sombre de notre époque contemporaine. Kâlî-Mâ est ainsi une Déesse du temps (Kâlâ), qu'elle dissous (Pralayakâla) ou non. Son image (Mûrtirahasyâ) vénérée de sa personne est parfois aspergée d'alcool (Surâ) et du sang chaud d'un buffle par un sacrificateur agité au son d'un Kâlarâtrî-Mantra chanté par des pèlerins. Mahâkali à ce-moment là, investie d'un pouvoir désirant et furieux où la peur (Vyâtha) est reine, atteint le plaisir (Paramasukhâ) suprême. Le serviteur (Kulâ) qui vaincra de toutes ses forces vitales cette peur divine, parviendra à (Amritatvâm) l'éternité. Kâlimâ est une mère aimante et libre (Mâtrisadghâva). Plus communément et lors des festivités populaires du kâlî-Pujâ où l'on va adorées les nombreuses statues (Mûrtis) et images (Prâna-Pratishthâ) habitées par la divinité obscure, on lui offrira en sacrifice (Yajnâ) toutes sortes d'animaux vivants comme présent sacré (Dakshinâ). La nuit (Kshapâ) de l'épouvantable et puissante Mère-kâlî (kaali) arrive ! Sur les autels ensanglantés et fleuris des temples occasionnels en bambou (Mandirâ) où elle prône, les lumières vacillent le temps d'une nuit noire comme la (Mrîtya) mort. Elle a faim et soif, réclame qu'on lui donne des cadeaux comestibles. Les cous des petits coqs et des chèvres (Ajâ) tremblotants seront tranchés sans pitié dans une pluie de sang frais en pleine cérémonie (Vrâta) du Pitha-Pujâ sous le meuglements des buffles en souffrances (Duhkhâ) qui seront à leurs tours égorgés dans une horrible férocité. Le bouillonnement de la vie immolé a l'affreuse et pourtant aimante reine (Shmashânavasini) des cimetières. C'est une Mâtrika assoiffée de sang. Mais d'où vient cette déesse sanguinaire aux multiples aspects ? Du fond des temps. Née du front (Lalâtam-Ghrumadhya) de Durgâ selon le Devî-Mâhâtmya (VII-6), épouse et parèdre de Shiva, la destructrice Kâlî la noire est une manifestation des plus féroce émanée de Mahâdevî, la Shaktî primordiale. Pendant la bataille (Ranâ) cosmique opposant Durgâ et toutes ses formes manifestées (Avatâra) contre les pestiférés monstrueux du chaos où le démon-buffle Mahîshâsura fut achevé, un autre asura, Raktabîja (goutte de sang), apparut face à Chandikâ (Mâsi) bien décidé a la détruire. Cette ultime attaque provoqua une grande colère lumineuse (Mâhât-tejâs) dans le ciel (Shîvâpura) des dévas. Le corps de Hari, lui-même, en fut affecté, émanant une puissance sur Durgâ-Mahishâsuramadinî. La guerrière divine descendit de son lion (Vâhana-Simha) et se mit à rire (Hâsa) de tous ses éclats solaires devenus noirs de rage face au démon percé par son trident (Trishulâ). De sa colère naissante de son chakra frontal (Âjnâ) rayonna physiquement une soeur jumelle noire armée d'une épée (Khandâ) : Kâlî. Elle lui ordonna alors d'ouvrir sa bouche et d'avaler tous les asuras (Asûya, jalousie), les créatures et serviteurs maléfiques de Raktabîja. Mais Kâlî-Mundâ qui mangeait avec cruauté tout ce qui vivait, s'emporta dans la gourmandise et dévora à pleines dents la viande du corps de  Raktabîja. Elle but (Kâlî-Châmundas) à grosses goulées dans deux grands crânes, le sang multiplicateur du démon et fut prise d'une rage indescriptible. Ivre de sang (Pîyûsah), elle se mit à danser sur le champ-de-bataille (Mridâ) au bon milieu des cadavres d'asuras démembrés, agitant ses quatre bras comme des palmes d'hélicoptère, brassant les quatre vents et tambourinant de ses deux pieds (Charânas) ensorcelés par les forces surnaturelles d'un désir courroucé, la terre (Bhûmi) qui s'ébranla dans le vide. Rudra-Kâlî fit trembler l'univers en provoquant des raz-de-marée de désordre gigantesque, entraînant une éruption en chaîne de volcans putrides au plus profond des trois mondes (Vyâtalokatramyâm) prêts a s'effondré. Sa danse (Tândava) hallucinée menaçait le domaine (Dévachâna) même des Mahâdevas. Des hauteurs du mont Kailâsa, Shiva se réveilla de son sommeil pour s'allonger parmi les dépouilles des asuras qui jonchais l'arène de guerre. C'est ainsi que Kâlî (Pârvâti) aveuglée dans sa fureur enivré de mort, piétina la poitrine de son mari (Mogudû) raide comme une charogne, sa blancheur entachée. A la vue de sa méprise, elle cessa sa danse frénétique et de honte se tira la langue (Jihvâ) pour se la mordre. Derrière cet épisode mythologique du grand drame cosmique se dissimule un ensemble cohérent d'enseignements (Vâdâ) et de méthodes parfois complexes sur le coeur de la réalité ultime contenue dans certains Tantras (Âgama) secrets. Les traités sacrés et ésotériques de certaines écoles de la voie Vâmâcârin sur la science et les pratiques (Sâdhana) du culte (Pûjâ) d'expansion (Sat) de l'énergie cosmique (Virâj-Parashâkti) par la transmutation (Pâkva) du corps (Prajnâta-Yoga) en vue de l'unification des forces pour la libération (Vimokshâ) en la conscience du Soi (Sâdharmya-Âtman). Seul le réveil et la montée (Shristhikâlî) de l'énergie (Kundalinî, serpent femelle) de la déesse suprême Mahâdevi sous toute ses formes (Udghâta-Shâkti) portée à l'accouplement (Shâtimân) par la connaissance Vâchyârta (Bhaktî-Shâkti) à son moi (Purushâ), apportera l'extase du Soi (Siddha-Moksha) à son fidèle amant (Pâti). Seule la Déesse est "réelle" et en son absence, Shiva (Lingam-Bîjavan) n'est qu'un cadavre (Shâva) sans vie. Cette mort, pour certains, c'est la jouissance éternelle (Brahmânanda) dans l'état du héros (Vîra) que transmet le Tantra au Sâdhaka et à sa Dûti (Sâti) dans leur union (Mithunâ) corporelle et sexuelle de Viparîta-Ratî, l'enseignement du mystère (Rahasya) suprême de Kâlî-Ma devenue blanche (Svetakâlî)  : Le Smashânakâlî-Tantra ou rituel de la crémation mystique (Sahagamanâ) du couple divin (Yâmala) dans la nuit (Kshâpâ) des corps. Les Tantra-Shâkti expliquent que la félicité du corps (Sharîra) est la suprême réalisation dans la transmutation de la puissance. Lorsque Kâlî-Mundrâ et ses cinq sens (Tattva) enflammés (Raktakâlî), tourne sur elle-même de ses quatre bras dans sa tempête, c'est pour tracer (Tantra-Mûdra) le cercle du rituel collectif Chakrapûjâ. Les passions des sens qui enchaînent l'homme au monde irrité des désirs sont traditionnellement pour l'ascète du Daksinâcâra (Samayin) des obstacles sur la voie de la réalisation. Ces souillures (Kleshâ) ou cinq causes sont : le plaisir (Kâma), la colère (Krôdha), l'ivresse (Mâdâm), la viande (Mâmsan), l'affection amoureuse excessive (Môham). La grande majorité des hommes considère le rassemblement de ces cinq afflictions comme l'expression du fondement de leurs personnalités : L'Ego (Ahamkâra). La confusion est leur règle de vie dans un monde irréel (Kalpanâ-Mâtram) fait d'orages (Parjanyâ) et de violences. L'agencement conventionnel de leurs folies par la loi des actes (Karma) . C'est pourtant par la force qui traverse cette rêverie organique et coexistentielle des fièvres humaines que le Kaulâ du Vâma-Mârga adorateur (Adhikâri) de Mahâdevi va utiliser comme moyens illuminées pour parvenir (Sâdhya) à la révolution de son être authentique. La confusion doit être maîtrise et le désir du monde manifeste de la Divinité. Le Yogî-Kûla qui invité par son Guru Pûjâ-Bharktâ après la transmission (Dikshâ) de son pouvoir a accomplir la pratique (Sâdhanâvasthâ), exaltera comme kâlî, les feux de la passions (Kâma-Agni) en resserrant son étreinte (Maïthuna, éther) sur sa Yoginî-Chandâli (Kâlikâ) menstruée après avoir consommé par rituels (makâras) de l'alcool (Madya, air), du poisson (Matsya, eau), de la viande (Mâmsa, feu) et des graines rôties épicées (Mûdra, terre), accédera à l'amour physico-spirituelle de la Déesse. En effet la consommation et l'absorption en abondance des cinq substances de nourriture (Â-Hâra) interdite, lors d'une initiation de transmission (Dikshâ) ou d'un rite (Vrâta) Chakrapûjâ Tantra d'une Shaktî-Shiva, provoque l'euphorie (Ullâsa) des sens de l'adepte Sâdhaka. Leurs puissances est poussées à leurs maximum par l'effervescence de l'énergie (Shaktishobhâ) ainsi barattée par le feu de la volonté (Shiva) engendre des plaisirs (Duhkhâ) élevés par associations sensuelles dans le corps du Yogî-Bhâgavata, devenu un espace illuminé. Un flot divin de plaisir. L'union (Samarasa) avec sa Yogînî-Shaktî, une force sans fin. Ainsi le tourbillon émotionnel découplé à son point culminant rend L'ego (Ahamkâra) plus lent à se recomposer. Les cinq sens sont dissociés de par leurs inflammations intérieurs et le Yogî ne peut s'y identifié. Le miroir (Âdarshaka) de Mâyâ se brise. Les illusions se dissipent. Le pouvoir de la Shaktî est révélé (Dhyânasamâdi) et le couple (Yâmala) de feu (Kâlâ-Yâmala) peut contemplé (Dhyâna) le souffle de la Déesse (Prâna-shaktî) qui attise leur acte d'amour (Kâma-Spanda) alors plongé en nirvikalpacamatkâra. Cependant, même en Inde, ce genre de cérémonie aux rites (Vrâtas) authentiques c'est raréfié et ne se déroule traditionnellement qu'à l'intérieur de temples (Mâcjid) gardés secrets ou d'endroits clos difficiles d'accès, interdits et fermés aux non-hindous (Mlecchas). Néanmoins quelques rares occidentaux ont pu êtres initiés au culte tantrique de Kâlî-Shaktî à l'intérieur de sectes religieuses (Mahâpanth-Shaktâ) conduites par un Guru Kaulâ et contemplés le visage de la Daïvî obscure selon les rites anciens. Mais la descente de l'énergie divine de la déesse noire (Shaktîkâlîpâta) est perceptible par tous pendant son Pûjâ (Purdah). Ainsi l'image (Mûrti) de Shrî Kâlî Maa est peinte, soigneusement habillée des plus belles étoffes, parfumée de miel, de musc, de jasmin, d'encens (Kustowrî), sortie ensuite de son petit temple temporaire (Kâlâpendal) pour y être installée sur un char (ratha) monumental et fleuris où elle sera immergée à flots (Gangâ). La femelle céleste toute noire se voit souvent représentée dans un excès de rage ou exceptionnellement souriante avec un teint bleuté (Maha-Mâyâ). Elle bénéficie de trois yeux rouge vermillions (fleurs d'hibiscus) dont les significations sont multiples : Les trois mondes du temps, la Trimûti (les trois formes), Aum le mantra original, la Trishaktî, et la triguna. Son troisième oeil (Trinêtram) fait partie du rite très secret de l'annihilation (Sthitinâsakâlî) de la Mâtri-Mayâ. Une longue chevelure obscurément dénouée comme celle d'une folle lui entoure son visage menaçant quand d'autres de ses fidèles adorateurs l'a préfèrent soigneusement coiffée (Kakândamûkuta). Des dents blanches et des crocs acérés sortent de sa bouche largement ouverte qui lui éveille une longue langue rouge et pendante (Khechari-Mudrâ) imprégnée du nectar Pîyûsah (Pânâm). Kîkâlî est enfin prête pour dévorer la nuit des âges et porte alors le nom de Kâlagni : Le temps de la mort. Anciennement, à l'époque des Rishi (les anciens yogis) Câlî (Kâlt) était la septième langue brillante (noire) de la bouche ardente du déva Agni, le feu sacrificiel (Yagyâ, Hotrâ). Les six première langues, soeurs de Kâlî, sont : Dhûminî, Shvetâ, Lohitâ, Nilalohitâ, Survarnâ, Padmarâgâ, ou bien, Tchèdî, Monojavâ, Sulohitâ, Sudhûmravarna, Vishnarucî, Sphulinginî. Elles sont les sept plans de l'extension de la conscience (Brahman) cosmique, leurs quintessences trouvent leurs expressions "réelles" à l'intérieur des sept roues (Saptaçakras) qui ont leurs sources dans les sept Rishi des sept étoiles (Banâ-Na'sh) dont les rayons diffusés induisent la connaissance du Véda aux chercheurs d'absolu. Ces lumières visionnaires traversent successivement les sept cieux de l'existence : Bhur-Loka, Bhuvâ-Loka, Svâr-Loka, Mâhar-Loka, Jânar-Loka, Tâpo-Loka, Satya-Loka. Le textes sacrés du Véda nomme la déesse Kâlî par son premier nom : Râtri, la nuit de la mort. Elle est aussi, nous l'avons déjà vu, la mère du langage (Kâlîka) et porte autour de son cou, sur certaines de ses représentations iconographiques, une guirlande (Varnâmalâ) composée de 51 crânes (Kapâla) ou têtes d'hommes coupées et enfilées. Le collier macabre est l'assemblage des 48 phonèmes de l'alphabet Sanskrit (Devanâgarî) ainsi que les trois lettres tantriques (Trâ-Kshâ-Jnâ). D'après un autre enseignement mythologique, le Dieu Vishnou avant de se retiré en état de Unmîlanasamâdhi, aurait démembré le corps de Kâlîma (noirâtre) au septième ciel en 51 morceaux pour en dispersé la puissance (Tantras-Shaktî) et ainsi épargner le monde d'une mort certaine. La préservation de son engloutissement par l'explosion historique et infinie de son temps (Kâla). Les morceaux coupés (Pîthas Thanas-Peethas, Shaktî-Matrkas) du corps de Kâlî calcinés par leurs chutes vers la terre, furent retrouvés, brillants de tous leurs feux de félicités, par les astrologues et sacrificateurs religieux de la puissance noire. Sur les lieux des affreuses découvertes, ils édifièrent des sanctuaires en son honneur et à son culte comme le temple de Shila Dévî à Jaipur qui fut érigé au fort d'amber (Rajasthan) ou alors le sanctuaire de Bhavatarinî au temple de Darkshineswar à Kolkata . Au temple de Kâligihât, c'est un orteil entier de Kâlî qui sert de fondation à l'édifice sacré. En tout, cinquante-et-un temples servent de stations d'adorations aux pèlerins hindous, allants de Bénares (Varnasi) par Tripura (nord-est), puis du Cachemire (nord) à L'Orissa (sud) jusqu'en république fédérale du Népal (est). Une petite quantité du sang de la Déesse noire aurait été préservée et amenée par une secte secrète de la communauté Tamoule dans l'ile de la Réunion où son culte est très actif. Elle porte alors, le nom de Karly la rouge (Massalin Karli). Nous l'avons vu, lors du combat (Samarâ) cosmique (Devî-Mâhâtmya), sortie du front d'Ambikâ, la déesse noire vêtue d'une peau de tigre (Sherkîkhaâl), s'est montrée digne des plus grands guerriers (Râjanya) en agitant ses quatre bras armés (Bhadrakâlî) contre les entités pernicieuses. Ses quatre membres supérieurs, dont le nombre peut varié, représentent sa dominance spirituelle du temps sur les quatre castes (Varnas) qui sont métaphysiquements les quatre portes du corps cosmique (Brahmâ), l'ordre conséquent de l'action du Karman des vies antérieures (l'émanation hiérarchique des répercussions de la conduite humaine) ou les quatre couleurs qui définissent l'activité laborieuse et économique en corporation de devoir pour les quatre races répandues sur les quatre directions terrestres de l'espace des point cardinaux (Pâdas), le corps social hindou : Les Brâmanes (la bouche) ou prêtres blancs, les Kshatriyas (les bras) ou princes et guerriers rouges, les Vaishiyas (les cuisses) ou artisans et paysans jaunes, les Shudras (çûdras) (les pieds) serviteurs noirs, et pour finir, les hors-castes (Harijans) ou Dalits (intouchables). Les quatre bras de Kâlî sont encore, les quatre positions du Yantra sacré (Kriyâ, nuttarâyoga, Cakyâ, Yoga) dans leurs directions émanés (Ouest-rouge, Sud-jaune, Est-bleu, Nord-vert) par les Bodhicittas du "ciel". Sa sainteté Kikâlî empoigne de sa première main droite (Darkshinamarga) un sabre ou un hachoir et de l'autre une "tête humaine" tranchée et dégoulinante de sang, celle de prâjapatî (Brahmanaspatî), la première émanation et source volontaire de tout les multiples (le feu de Purusha), puis de sa première main gauche (Vamamarga), elle forme un Mudrâ (sceau), celui de l'enseignement (Jnâna), de sa deuxième celui de l'avertissement (Tarjani), cela diffère des figurations. Elle prend le nom de Rudra-Kâlî ou Dasâ-Mahâvidyâ lorsqu'elle est dotée de 10 têtes et dix bras, tenant dans chacune de ses mains une arme différente.  Ceux sont les 10 manifestations et facettes de l'aspect émané et séparé de la Shaktî, un côté différent de la vacuité et les moyens d'y parvenir. Les dix grandes sagesses féminines. Dans certains cultes secrets, les dix Kâlî sont décapitées à chaque épreuve yogique pour libérer le Prâna Devatâ de tout égo (Aham) chez le Shaktâ. Kâlî-Devî est ainsi libre (Mâtrisadbhâva) de montée (Shristhikâlî) en Kundalinî vers le Shevâ pour s'épanouir en mille têtes (Bhûjangi) et s'unir à son soi (Daïvî-Kâlî) en brisant toute représentation (Mâyânta) de l'absolu. Les 10 Déesse Mahâvidyâs (Dasha-Mahâvidyâ) dans le rite (Shava-Sâdhanâ) du Shâkta-Kâlî sont communément : Durgâ, bien que insaisissable et soeur jumelle de Kâlî, c'est la face la plus visible de l'énergie même de la Shâkti. Assise sur un tigre, elle est illimitée dans la puissance et inaccessible au non initié. Târa avec son pied piétinant le dieu Shiva, sa chevelure fourmillante de serpents vénimeux, son corps brillant d'un vert turquoise parfois sombre, est une déesse de la destruction (Samhârinî) et des crémations lors de son aspect convulsive (Ugratâra) et exaltée. Plus adoucie, elle conduit l'adepte vers la réussite des épreuves. Certains la décrit comme l'action première et dynamique d'Hiranyagarbha, la matrice dorée. Sa demeure est un grand lotus blanc (Padma) illuminé de feu. Shodashî (Râjarâjesvarî), elle, la grise à la peau ridée, chevauche le corps noir du Mahâkâla (Rudra), la face enténébrée de Shiva dans un soleil couchant vers l'infini. Sa forme de bonne augure resplendit par la lumière incomparable de l'Amrita (nectar) qui l'illumine. Sodasî (Tripurasundarî) est une vierge (Kannê) que l'on adore pendant la Pûjâ-Kumari. La colère de Kâlî s'y manifeste par la massue (Gadâ) que Shodaçî brandit d'une de ses quatre mains. Bhuvanesvarî la compagne (Pârvatî) resplendissante, constitue l'énergie suprême (Bodhinî) de la Shaktî (Adi). Une couronne de lune encercle sa tête aux grands yeux. Cet attribut affiche la toute-puissance majestueuse de Kâlî (Bhuvaneskâlî) sur tous les Dévas. Tripurâbhairavî (Bhairavî) est une autre déesse terrible (Ghorâ) de la destruction qui chevauchant un âne, animal impur et lubrique, épuise l'énergie virile des hommes perdus dans leurs désirs. De ses trois yeux de gazelle mais rouge comme le feu, elle apaise et purifie le Karma du tantrika. C'est une forme féroce et noire (Kâlaratrî) de Mahâ-Devî. Un double jumeaux de Kâlî accoutré d'un cour sari de lin rouge qui dansant comme un démon femelle (Brahmaraksâsî), un doux sourire au coin d'une lèvre pincée, dévoile des seins badigeonnés de sang du sacrifice. C'est une conductrice de l'horreur. Un feu de magie (Ângirasâ) noire.  Chinnamastâ la décapitée (une étude très approfondie de sa symbolique fort puissante (Dikshâ) est disponible) à la peau d'un gris bleu ou marron-rose, elle est entourée de 2 êtres mystérieux et tient dans sa main gauche sa propre tête coupée. De son cou jaillit un flot de sang divisé en trois jets (les 3 Nadis supérieurs). Elle en boit le premier, l'ambroisie, le nectar de Sushumnâ (Ouma), le même breuvage que recueille Kâliji dans sa coupe crânienne (le suc du démon (Surâ), tandis que le premier mystérieux, Barnimî, boit Idâ, Dâkini le deuxième, Pingalâ. L'acquisition des Siddhis pendant l'initiation (Gurû) ritualiste pour la maîtrise des trois formes expressionnelles (Icchâ-le désir, Jnâna-la connaissance, Krîyâ-l'action) sont tous puissants. La déesse Chinnamastâ est quelquefois assise en Bhoga sur Vishnu (Hari) accouplé avec Mahâlakshmî. il existe un rite dit de chinnamastâravâ (sorte de Yab-Yum) pour atteindre avec la tête "tranchée", Mahâsukha, et s'unir à son double féminin (Prajnâ). Cet étrange cérémonial est dispensé dans une doctrine secrète du très grand Mahâvajrabhairava. il est évident que la pratique de cette discipline peut facilement conduire à la folie mortelle. Elle est réservée au tantrika d'une école authentique et reconnue depuis des siècles en inde selon la direction d'un grand Gurû (paramesthî). La septième Mahâvidyâ est Dhûmavatî, grise et noire comme une tempête de brouillard. Dhûmavatî à sa personne délabrée et très vulgaire. C'est une ancêtre de Kâlî. Sa forme est agitée par les convulsions de l'agonie. Sa bouche béante et édentée déborde de sa chair pâle et encrassée pour happée un corbeau (Vâhana) qui sautille à ses côtés. Les yeux cruels de Dhûmâvatî sont le miroir (Âdarshaka) de la maladie. Elle hurle à la nuit noire le délaissement de son époux. Sa peine est pourtant le commencement de la reconnaissance de l'énergie (Unmanâ) suprême, la fin du temps (Kâlâbhimâna) égoïste, la mort supérieure.  La huitième, Bagalâ (Bagalâmukhî), toute jaune, elle paralyse (Stambhâna) les ennemis de ses adorateurs (Shâktâbalâs). On la représente avec des yeux écarquillés, tirant avec sa main gauche la langue d'un cadavre ou d'un guerrier (Madân) à genoux. Elle forme ainsi, une déesse du silence absolu lors de la réalisation de l'extinction du mental (Nirvâna). Son Vâhana est un oiseau grue au regard malveillant et son culte ancestral est associé au pratique occulte des charmes (Ângirasâni) hypnotiques. La neuvième, Mâtângî, apparaît en vert au Shâkta-Kaulâ lorsque celui-ci prend conscience du sifflement divisé en sept sons émis par le serpent femelle Nâgakâlî s'acheminant à l'intérieur du Sushumnâ par le Mûlâdhâra-Chakra. Ce bourdonnement est la vibration (Spandâ) primordiale du chuchotement de la (Citi-Shâktî) réalité absolue. La musique d'amour céleste de la Devî-Mâhâtmya). Mâtanginî est dite "éléphante" sous son aspect terrifiante. Sa forme devient monstrueuse et sa puissance une source d'oppression écrasant tout rayonnement de la pensée. Son Vâhana est alors, un perroquet noir au bec souillé. La dernière, Kamalâ (Kamla), porte un sari bleu au soleil tombant. Elle est d'une telle beauté qu'elle (Shrî) fit éclore des fleurs de lotus (Padma) d'un rouge immaculé sur les eaux assombries et déchainées des océans. Sa magnificience (Mahâ-Râtri) n'a d'égal que sa pureté étant lumière de la volonté. Sa forme terrible (Ugrakamlâ), peut connue, lors d'un Pûjâ-Kâlî, se manifeste drapée de noire montrant ses faveurs gâtées au milieu d'une lueur sale. Dans cette manifestation, son Vâhana est une chouette noire au bec scintillant se reposant sur le cadavre d'un enfant mort. Seuls les hurlements d'horreurs de ses fidèles (Bhakta) couvrent son ricanement innommable. Toutes ses Mahâvidyâs prennent leurs formes farouches dans les contorsions étranges qu'effectue la danseuse (Nartakî) de la nuit. La Kâlî-Mâ est une brûlure (Kâlagni) de la mort. Une fin dans l'attachement (Mohâ) de la puissance du soi déifié (Âtmansaktirûpa). L'ego illusoire du Shâkta, l'âme du temps, qui prend refuge en Kâlî (Kâlîmaparâyama) se voit engloutie (Kâlagrâsa) par les multiples apparences contradictoires du "désir" (Kâmakâla) de la déesse. Elle est une flamme (Pradîpa) de destruction (Samhâra-Kâlî) de tout attachements (Mohâ). La suprême (Prâna) Shaktî dévoreuse d'égoïté. Les dix Devîs sont donc les dix formes d'objets de sa connaissance métaphysique, l'état d'éveil, que le Yogi-Kaulâ doit assimilées par leurs différents cultes rendus, afin de dissoudre la multiplicité des impulsions liées à son moi individuel plongé dans le monde de Mâyânta. Ainsi, le corps (Kâranasharîtra) du Bhâkta-Yogî se transforme par le Nâgakâlî de feu qui visite et consomme son Chakra à dix pétales aux lueurs rouges(Kâma-Agni), le Manipûra où demeurent les dix Mahâvidyâs flamboyantes. Son moi individuel et irréel, semblable à un cadavre (Shavâ) sur le bûcher funéraire, est sacrifié (Prânâgnihotra) dans les flammes purificatrices. L'espace ainsi libéré (Mahâmudrâ) dans le corps (Sûkhohmasharîra) du Sâdhaka, brise la chaîne causale du temps, laisse place au pouvoir d'action (Kriyâshaktî) et à la reconnaissance de l'unique Purushâ-Devî, véritable nature de la déesse. Son corps (Sthûlasharîra) purifié par le rite du Bhutâ-Shuddhî est cuit (Pakva) par le souffle de Kâlî qui lui ouvre les yeux vers l'ultime face noire. Le Sâdhaka devient un Shaktimân. Les différentes parties (Kâlâ) et vénérables de Kâlî en dix mères divines (Mâtrikâs) ouvrent l'invitation ésotérique à l'éveil (Udghâta) de sa véritable conscience (Prajnâtakâlî). Par sa danse (Tandava) insaisissable, Kâlî déploie toutes les apparences de la succession temporelle du cosmos et excite par la multiplicité de ses formes l'arme de l'être viril et connaissant de l'adepte Bhâgavatas qui devient Tântrika (Âgama). Le Yogî rentre alors en contact directe (Sâdyo) avec sa Yoginî (Kâlikâ). C'est l'union (Mithuna) de la forme (Rajas) rouge et active (Shankarî) du processus de création et de la semence (Bîja-Vishnu) blanche et virile, la forme (Sattva) du principe vitale et fixe de la connaissance. Cet embrassement (Nadâ) des amants (Shaîvakâlî) enfin réuni dans la puissance est brûlé par le feu noir (Tamas) de Kâlî-Dhûmâvati (Kâlâgni), le non-temps. De cet réunion (Kâmakalâ) hors du temps émane une conscience dans la jouissance (Samârasa) de la vérité : le Mukti-Brahmânikâlî. Mais bien avant que le Kûla ne chevauche (Vâhanta) la grande Dakinî céleste (Devâ-Dâsi) par-delà le feu du temps (Kâlâgnirudra) vers la métamorphose finale, il devra ingéré la substance (Drâvya) même de l'Âdyâshakti "comme" son être propre. C'est dans l'identification (Boddha-Svarûpa) exclusive de la passion (Kâma-Purushâ) de la déesse et de son dépassement (Vaïrâgya) que l'adepte brûle par le feu (Apâna) de destruction (Nâsha-Samhâra) son Karman qui pousser au maximum de sa puissance atteint l'état de Nirvîkalpa Camatrâka pour aboutir à sa dissolution dans le non-être (Asât) au-delà des dualités (Dvandvâtîta) vers le non-divin (Asât-Sâdharmya), la non-grande réalité innommable : Le suprême tout. La Mère (Umâ) Kâlî sur d'autres images religieuses pose son pied droit (Dakshinamarga) sur la poitrine (coeur) de Shiva inanimé. Elle est alors Mahâkâli s'empalant sur le Lingam (Bîjam) de son mari et selon une école des Mahâsiddhas du tantra-Râja, la larme (Bîja) de cette union active surnaturellement les sept langues (Saptajihvâ) du feu (Sûsamiddha), ses formes constitutives et actives. Elles sont les sept flammes (Archî) séculaires de la conscience cosmique ou le corps dévorant de l'Umâ-Shâkti. On les nomme couramment Sâptamâtrikas, les sept mères de sagesse. Ces Matrikas brûlantes essentialisent l'âme du feu (Agni-Mahânâtma) chevauchant (Châgaratha) son bélier (Mesâ) dans l'océan (Srîratayo-Dhî) sidéral. Le feu (Bhârata) fils des eaux (Apâm-Napât) transmet l'oblation sacrificielle (Yajâka) aux Devas qu'ils consomment afin d'en transmuter l'essence pour la modélisation de l'apparence des sept rayons (Prâna) de Sâvitrî, l'attitude victorieuse et pur (Sûddha) de leurs Shâti flamboyantes. Les noms des sept langues du feu (Vaishwanâra) sont traditionnellement par ordre acsensionnel : Kâlt (Kâlî), le feu noir (Kalâgni) de la mort (Smâranakâlî), la friction du corps noir (Imdhanâ) par sa colère : l'inertie brûlante de la nuit. Karâlt (Kâralî), le feu du temps (Kâlâgnirudra), l'échauffement de la fureur sublime du feu. Manojavâ, le feu solennel (Âhavanîya) ou le déploiement foudroyant de la puissance vitale. Sulohitâ, le feu du désir (Kâma-Agni) et foyer intérieur de l'accroissement rouge de l'action concentré. Sudhûmravarnâ, le feu domestique (Gârhapatya), la volonté incandescente et tournoyante de la force. Sphulîngînî, le feu sacrificiel (Yajnâgni-Hotrâ), l'éteincelle jaune et élevée de la flamme vivifiante : l'éclaircie. Vishvarûcht, le feu de la connaissance (Jnânâgni), la partie supérieure et blanche purificatrice du feu : Svetakâlî, la blanche. Ses sept flammes vitales sont les puissances personnifiés et mouvantes du Naga-Devî, la reine serpente, qui s'élèvent à travers les sept étapes (Saptapâdi) de l'union, éveillants les demeures de la conscience (Châtanya-Chakras), les roues du corps véritable, ses lieux (Yoni-Nivâsa) de sacrifice où résides les principes viriles (Devas). Elles s'y en accoupleront dans un élan extatique. La kundalinî-Shaktî(Vâsukâlî), enroulée autour du lingam noir (Svayambhû) en Mûlâdhâra, bondit en s'élevant le long du Susumnâ-Nadi et de ses deux soeurs jumelles (Svâhâ-Svadhâ) pour venir tétée les pis des milles mamelles de la vache cosmique (Gau-Mâtâ) et en tirée le lait sacré (Paya-Sôma) où baigne l'Sahasrâra. Elle chevauche (Nadâ), en tant qu'épouse (Pârvatî) le lingam blanc (Shiva) et accomplie ainsi l'apparition réelle du corps éveillé du Tantrikâ unit à la pure conscience (Âtman-Ârya) de la réalisation (Sâdhanâ-Shaktî) de la forme (Âdyakâlî) noire absolue. Arrivé à son but (Divya), l'adepte se consume en soi (Tanmayâshaktî). La déesse (Kaulinî) est donc vue (Darsâna) par l'initié (Ûrdhâreta) comme un serpent (Ûragah) noir (Karinâgayaksî), le Vâsuki-Kâlî, un Ganâpati femelle qui ébranle l'ordre du monde (Adharmâ) en s'éveillant dans le bûcher du sacrifice. Kundalinî est une flamme blanche quand elle est la partie noire et cachée du feu : l'eau rouge. Cette scène conceptuelle est fixée par le Guru-Kâlî en une image mystique, un diagramme de vérité, appelé Kâlî-Yantra. Un des yantra-Shakras (trul-Khor) de la déesse noire (dakshinâkâlî-yantra) possède à partir de son (Bindu) point (centre), une goutte noire et 5 triangles (équilatéraux) pointant vers le bas (Yoni) imbriqués (en jaune) qui l'entoure, forment 15 angles (Tattvas) dont leurs sommets (pointes) sont les 15 déesse Nityâs (les quinze Gunas) émanés de Mâha-Kâli (Kâli-Nittyâ) par Mahâ Tripurasundarî (lalitâ), celle qui joue dans les trois mondes, les voici donc : Kameshvari, Bhagamalini, Nityaklinna, Bherunda, Vahnivasini, Mahavajreshvari, Dûtî (Shiva-Duti), Tvarita, Malini, kvlasundari, Nilapataka, Vijaya, Sarvamangala, Jvalamalini, Chitra, mais aussi les 15 jours de nouvelle lune de chaque mois et les quinze lettres (doubles et secrètes) des Mantras de tripurasundarî citée plus haut, qui réunie (prakâça-Vimarsha) en une seule puissance, la pure conscience, l'accomplissement transformel et éclatant des trois mondes (Vyaptaloktrayam), la roue qui les entourent représente l'air (prânâyâma), où s'épanouissent les pétales du lotus qui sont les huit Madrikas : Bharamî, Narayânî, Maheshvarî, Châmundâ, Kaumarî, Aparâjita, Vârâhi, Narasimhî, qui sont aussi les 8 aspects horribles de Shiva (Bhairavas) : Kâlâ Bhairava, Asitângâ Bhairava, Sankâra Bhairava, Ruru, Krodha, Kapâla, Rudra, Unmatta. ils évoluent sur un fond de ciel rouge délimité par le carré Phûpura (Bhûr) qui est la terre. sacré du royaume de Shambhala. En France, curieusement, Kâlî est identifiée à Sara La Noire (Sara e Kali-Romani) par une partie de la communauté du peuple Gîtan qu'ils reconnaissent comme leur Sainte patronne. Musiciens originaires du nord de l'Inde au XIIIème siècle, certaines tribus Roms se disent êtres descendantes de Râmachandra, le fils de Râm (Râmâ). Sara était la servante de Marie Jacobé, mère de jacques le Mineur, demi-sœur de Marie (Stilla-Maris, la goutte de mer) la très sainte vierge et mère de notre seigneur Jésus-Christ (la dame aux sept douleurs) et puis de Marie Salommé (la Myrophore), mère de jacques le Majeur et de Jean (fils de zébédée), toutes deux témoins de la mort et de la résurection du Sauveur des mondes. La fête processionelle de sa statue, une vierge noire, et de son immersion dans la mer suivie des différents rites qui lui sont vouée, se déroule le 24 mai de chaque année en France, aux Saintes-Maries-de-la-Mer (13) en Camargue. Aum Klîm Kâlikâyai Namah ! Ah !
 
 
Ref : Devî-Bhâgavata-Purâna, Mahânirvâna-Tantra, Vishwasâra-Tantra, Markandeyâ-Purâna, Kularnavâ-tantra, Yogakundalinî-Upanishad, Pratyabhijnahrdayam, Mundak-Upanishad, Nispannayogâvalî, Karpûrâdi-Stotra, Devi-Mâhâtmya, Kâlîvilâsa-Tantra, Kâlikâ-Purâna,  Marc (15-40:16) Nouveau testament. Les 108 noms de Kâlî

jeudi 16 février 2017

CHINNAMASTA


 


LA ROSE
 
Voici la première partie de la description symbolique des différentes étapes (Abhyâsu) du rite d'initiation dit "tête tranchée", Chinnamastâ, (voie polaire Tantrique à la main gauche (Vâma-Marga), dispensée par des instructions (Samdhâ-Bhâshâ) cachées et réservées aux seuls Tantrika-Yogis (Vîra-sâdhakas) avancés vers d'Hyâna (Jhâna-Sâdana), pris sous la coupe d'un Guru (Bhaïvari) Siddha authentique définie par la tradition mystique indienne des différentes écoles (Shâktiques) historiques du Vâmâçâma rouge, plus particulièrement celle nommée : Kriyabhatanâgrakta. C'est une pratique puissante qui vise à briser par irréversibilité le fer de la colère et diriger la Kundalinî (Thiglé) vers le vin illuminé du sacrifice : La liqueur d'ambroisie (Soma). Chinnamastakâ en Chinnamastâ est la sixième forme manifestée de Devî Kaala Kâli Maa (la déesse Kâli). Chinnamastâravâ courroucée est une Mahâvidyâ de sagesse sacrée, l'émanation composite du feu (Agni) arrosée du suc corporel de la grande Devi sous son aspect tranché et divisé à l'unité. En effet Chinnamundâdharâ est représentée communément (elle peut être entière (Aksatâ) avec sa propre tête tranchée (du cou) par elle-même, maintenue dans sa main gauche (un sceau). la déesse auto-décapitée tient dans sa main droite, un sabre (cimeterre) ou une épée, une faucille en forme de serpe (la lune), un couteau à écorcher, voir une paire de ciseaux (cheveux), une arme (Khatri) ou un outils (agricole) acéré, dont elle s'est servie pour s'étêtée. La divinité acéphalée (Chinnagrivâ) est alors une émanation de Renuka (Deva-Soma), la décapitée à la hache (parashu-Ranâ) et ressuscitée par l'eau (Mariamma(n) du Gange, la sixième émanation de Vishnu (lune). Elle est aussi par certain endroit, Yellama (Yellamma), la déesse à corde (serpent), encore et toujours, une des innombrables apparences de la Sakti-devî. Chez certains cultes, on fait manifesté par son image, un démon Rakshasa (asura) sans tête du nom de : Kabandha (danu), avaleur de sang (Ka'bandha), un ancien Vishvavâsu dont l'oeil unique (bindu) qui saille au milieu de sa poitrine se retrouve émané à l'intérieur du diamant (Chakra-Anâhta de Durga) situé à l'extrémité du collier pectoral de Chinnamastâ, cerné lui-même d'un Chinnamundalâ (Mundamalâ), une guirlande faites d'assemblages enfilés de têtes masculines fraîchements coupées (51), qui entoure le cou (Lingam) sectionné de la déesse, accompagné en écharpe ou lové autour de l'orifice sanguinolente et volcanique (Meru et Shiva-Bindu) d'un cobra royal qui se dresse à la verticale (Kundalinî, la serpente de feu) : Le collier de Shiva (destruction). Ainsi nous retrouvons la corde "shesha" d'Yellamma, première émanation du serpent fertile (Nâga) nommé Vâsukî, servant de piston (Banda et Bandha-Nauli) pour les dieux au barattage de l'océan cosmique de lait (Ksirôda), la mer (Devî) lactée (kshirodadhî) matrice (Yoni) de Lakshmi, une autre forme de la déesse. La lune (Chandra) qui transmigre dans l'épaisse tignasse à cheveux de Siva, similaire aux ondulations serpentines des flots (eaux) primordiales (Irâ-ja), le liquide utérin du feu (Agni) fait partie du triple feu ésotérique que sont les trois jets de sang qui jaillissent des artères de Maa Chinnamastâ. Cette tripartite exaltée qui surgit du puits (Kûpa-Jananî), c'est la déesse du feu, la Kundâlidevi (Nâgirâgini) qui se véhicule dans la Trishla comme une foudre (Vajra), en dessinant trois fentes, celles de la vulve (Yoni) des femmes libres (Navâkanya), les Âvataras des Shâkinîs ritualistes, sur la face du soleil (Mâtarisvan), l'Agni, celui qui épouse par connaissance la Shâkta blanche, le coeur du soma lunaire qui bourgeonne (Ajna-Chakra) à la lueur rouge des rayons (Sûrya) de son feu (Bidu). Le feu ardent se nourrit de lait. C'est l'ivresse (Ânnanda) vers la délivrance (Moksha) de toutes renaissances (Samsâra). La sixième étape pour l'écoulement radical. C'est encore cela que le Yogi avisé pratique après avoir approché (Pûja) et libéré cette divinité : Chinnamastâ, la Parâ-Shâkti suprême. L'union de Shiva et de Kalî-Shâkti (Satî), la semence (lune-blanc) et le germe (souffle-jaune) manifeste le vin (Madhya-rouge) qui émane de la glande Pinéale (Jnana-chakshu) : Le jus brillant (Mahakalâ). Sur l'icône céphalophorique de Bengali ci-dessus, Chinnamastâ aux yeux bleus (Svaksâ) obscurcis (Kâruvilhî) boit de sa tête coupée et auréolée (Akanda-jyoti) d'énergie vital purifée (Prâna et Apâna, le chaud et le froid enfin réunis en un seul souffle (Âtman-Nitya) le premier flot de sang qui échoie directement dans sa bouche, langue tirée (Shâmbhavî-Mudrâ). Elle prend alors les noms de Vajrayogini (Vajravarahi-Chinnamundâ), ou Bhawanî (Bhâvanî), une des formes de Kâlî, qui eu la tête tranchée par l'Indra-Vajra. La couleur de sa peau étant généralement d'un rouge brun ou grenat, provenant de la teinte des fleurs d'hibicus (Rajas). Elle représente la Sushumnâ nâdi et ses trois tubes nâdis (Vajâ-Chitrini-Brahmani) en pleins activités. La serpente Thiglé, cette langue du feu qui lèche le lait, se fraie un passage dans ce conduit central enflammé et localisé à l'intérieur de la colonne vertébrale, aura sa tête (immortelle) sectionnée par Shiva. Elle est une émanation analogue au serpent-Asura Râhu (Danavâ, Ragou), qui après avoir ingurgité le Saint-nectar et risqué l'éclipse du Homân (Vibhûti) en dévorant le soleil (Âdiba) sera lune (Candramâ) et Sattva. La Sushumnâ nâdi d'oû circulent les vents des cinq souffles métaphysiques (Prâna-l'absortion, Apâna-la diminution, Vyâna-l'expansion, Vdâna-l'augmentation, Samâna-la progression) qui sont davantage la répartition hiérarchique du mouvement de la volonté (Âsanas) puis l'abolition de leurs vertus dans l'obéissance (Prânâyâma) que les différents composés physiques de l'oxygène, est d'un jaune-orangé (safran), couleurs des flammes (Vishnu) d'intérieur, tirant sur le roux (Kapila), la lueur rouge émanée du feu (Paçupati) d'Agni et ses constituants : l'eau (Âpah-bhava), la terre (Prthivî-sârva), l'air (Vâyu-îçvaka), l'éther (Âkâsha-ârâsâ), les cinq éléments qui en s'accouplent entre eux par l'action contraire du frottement vont produire kâma-Agni (Mâdana), le feu du désir : Kâma Manmatha. Le yogi-arhat ou la yoginî qui reconnaît (Vîdyâ) l'illusion de son égo (Atmâtmyagrahikâdrsti) et la superposition causale (Mâyâ) des phénomènes (karma) qui découle (Anâva) de ses actions infinies, qu'il identifie à lui-même, cherche l'équilibre (Sâttva-Agni) brûlant (Prâna-masculin) entre l'impulsion (Râjas) et la léthargie (Tâmas) pour attisé (Vâyus) par (Apâna-féminin), le froid, en Bhâstrikâ avec force (ûkja), l'éveil du feu intérieur (Kundagnilî) et grâce à Kumbakâ-Sûryabheda) provoqué sa colère noire, la suie (Mâra) qui obstruera les nerfs métaphysiques, branches des trois noeuds-nadis d'oû naissent les 72000 (350 000) exaltations et prospérités de Kâma-Déva, une émanation formelle de l'amour passion unie à sa Shakti, Kâmeshvarî, forme (Rûpa-Avatar) de Râti-Devi (Revâ) ou de lakshmî (Mahalakshmî), le plaisir magnifié, l'Aditya. Le souffle et les sens coupés comme la tête de Chinnamundadharâ, la yogini peut ainsi dire : "Les choses n'ont pas de formes, mais les formes sont des choses animées. Elle sont Shâktras ( Shûnyasya Âkara Yty Mâyâ)". C'est pourquoi, le Sâdhaka trouvera à "s'anéantir" pour atteindre l'état de puissance du Nirvâna-Shakti, l'union du contraire, dernière étapes avant l'abolition absolue de tout Karma : Le Nirvikalpa-Samâdhi. DURGA PUJA